1er commandement de l’entrepreneur techno…
LE DROIT À L’ERREUR TU DONNERAS
par Olivier Thomas
Une des seules choses que j’ai retenue de mes 5 années d’étude du latin au secondaire est : « Errare humanum est » qui se traduit par l’erreur est humaine. La citation complète, souvent oubliée, est : « Errare humanum est, perseverare diabolicum » qui se traduit par: « Il est humain de se tromper ; persévérer [dans l’erreur] est diabolique » (Voir article sur Wikipédia). L’homme fait des erreurs pour apprendre, par exemple, les jeunes enfants tombent souvent avant d’être capables de marcher. Cela fait partie du processus d’apprentissage. Seulement une fois rendu sur le marché du travail, les aspirations des plus créatifs sont souvent réduites à néant par une culture d’entreprise qui ne tolère pas l’erreur et le moindre faux pas.
Petite tranche de vie professionnelle
Pour commencer cette chronique je vais vous faire part d’une anecdote personnelle. J’ai commencé ma carrière d’ingénieur dans une PME de la Côte-Nord et le premier projet que j’ai mené à terme fut le développement d’une caméra pour filmer dans un four de boulettage de minerai de fer. À l’époque, la seule caméra disponible sur le marché répondant aux critères dimensionnels résistait à une température maximale de 40 degrés Celsius et la température pouvait atteindre jusqu’à 1350 degrés Celsius dans le four. Cela a pris presque 2 ans avant d’arriver à un produit et une procédure acceptables pour le client (pas à temps plein quand même !). Je n’ai pas « brûlé » de caméra, mais j’ai du tester plein de solutions pour faire face aux nombreux problèmes rencontrés. Tout cela fut possible car mon employeur aussi bien que le client m’ont laissé la possibilité de tester (et retester) différentes options technologiques. Entre le 1er design et le design final, il y a eu plusieurs modifications, et lors de ce processus nous avons appris plusieurs choses utiles pour le développement des brûleurs industriels (notre cœur de métier). Étant dans un département de R-D, nous étions ouverts à faire des erreurs et à ce que les produits ne soient pas au point du premier coup. Sans cette culture d’ouverture, je ne serais pas resté plus de 6 mois dans cette entreprise ! Cette confiance est primordiale pour un jeune ingénieur en début de carrière afin de prendre de l’assurance et développer ses compétences en innovation. Cela reste encore un des projets dont je suis le plus fier depuis 15 ans.
Apprendre de ses erreurs
Vous allez me dire, c’est bien beau ça, mais je ne peux pas payer mon équipe pour ne faire que des erreurs et ne rien livrer au bout du projet. Je ne suis pas une multinationale avec des budgets de R-D énormes. C’est vrai et c’est pourquoi l’innovation est un processus qui doit être planifié (sujet d’une chronique à venir). Vous ne vous lancerez pas dans un projet sans en avoir étudié les risques, les hypothèses et les solutions. Il ne faut pas trop errer lors du développement. Si le challenge est de haut niveau, il est certain que vous risquez de frapper un mur, tester des choses qui ne marcheront pas. Mais ça ne devrait pas être le projet complet qui tombe à l’eau, à moins de gros pépins.
Perseverare diabolicum…
Il faut aussi que les gens aient des comptes à rendre, qu’ils comprennent pourquoi ils ont fait leurs erreurs et qu’ils puissent tirer des leçons de celles-ci sans se faire taper sur les doigts à la moindre occasion. Les erreurs deviennent en quelque sorte votre matériel de base pour continuer le projet ou de futurs projets.
Par contre, certains peuvent vous dire que si on accepte de perdre, on ne peut pas gagner. C’est vrai et c’est aussi pourquoi en tant qu’entrepreneur avisé, le succès c’est aussi de savoir quand s’arrêter dans un projet. N’oublions pas la citation latine du début, persévérer dans l’erreur est diabolique.
Une grande proportion des projets innovants, même s’ils se rendent à la commercialisation, sont des échecs cuisants. Mais sans nouveaux projets, l’entreprise risque la décroissance. Il faut donc innover et prendre le risque que ça ne marche pas. Qui se souvient du Newton d’Apple ? Il est pourtant le grand père de l’iPad.
Je ne sais pas si vous connaissez les aspirateurs Dyson : James Dyson, l’inventeur, a réalisé 5 127 prototypes pour mettre au point son premier aspirateur sans sac. Malgré une avancée technique importante à l’époque, la mise en marché s’est avérée ardue et le projet a faillis ne pas aboutir sur les tablettes des magasins (Voir l’histoire complète). Cela montre que le droit à l’erreur touche toutes les fonctions de l’entreprise. Il vous arrivera peut-être un jour d’embaucher la perle rare qui ne s’avérera finalement qu’une simple bille de plastique nacrée. Ce n’est pas pour autant que vous arrêterez d’embaucher du personnel !
Le répertoire des « leçons apprises »
Une bonne pratique à garder en tête : dans l’organisation où je travaille actuellement, pour chaque projet, il y a un répertoire sur les « leçons apprises ». Il faut consigner ses erreurs et ses bons coups pour la mémoire corporative de l’entreprise et c’est très important dans un contexte de volatilité des ressources humaines.
Je conclus cette chronique par la célèbre citation de Thomas Edison : « Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas. »
Et vous, comment abordez-vous ce défi avec votre équipe ?
(c) 2011, Olivier Thomas
À propos de cette chronique:
Cet article est le premier d’une série qui s’intitule Les 10 commandements de l’entrepreneur techno. À travers 10 articles, M. Olivier Thomas présente ce qu’il faut faire et ne pas faire pour réussir ses projets innovants. Cliquez ici pour lire l’article qui présente la chronique
C’est une très bonne façon d’introduire le sujet. La peur de l’erreur fait souvent obstacle à l’innovation, car l’erreur a un prix. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’erreur a également une valeur car elle nous permet de mieux comprendre, donc de mieux faire par la suite.
Longue vie à cette série.
Je me souviens d’un texte que j’ai lu il y a plusieurs années qui stipulait les risques encourue par chaques actions que l’on fait. Le voici:
Rire c’est risquer de paraître – Pleurer, c’est risquer de paraître fragile. – Aller vers quelqu’un c’est risquer de s’engager. – Exposer ses sentiments, c’est risquer d’exposer son moi profond. – Présenter ses idées, ses rêves aux autres, c’est risquer de les perdre. – Aimer, c’est risquer de les perdre. – Aimer, c’est risquer de ne pas être aimé en retour. – Vivre, c’est risquer de mourir. – Espérer, c’est risquer de désespérer. – Essayer, c’est risquer d’échouer. – Mais, il faut prendre des risques, car le plus grand danger dans la vie c’est de ne rien risquer du tout. – Celui qui ne risque rien ne fait rien, n’a rien, n’est rien.
Source : Rire c’est risquer de paraître – Pleurer, c’est risquer de paraître fragile. – Aller vers quelqu’un Jezegou Frédéric | Dico – Citations – Dico citations
J’appliquais ce petit texte, losque j’avais à faire comprendre le bien-fondée des fameuses « non-conformité » qu’il faut relever selon la norme ISO9000 à mes collègues de travail.
Je trouve que ce texte s’applique tout à fait dans le contexte de l’innovation. Il est important de retenir la dernière phrase:
Celui qui ne risque rien ne fait rien, n’a rien, n’est rien.
Et seul celui qui ne fait rien ne fait pas d’erreur….
Très belle chronique!
Pour moi, être entrepreneur signifie par défaut d’accepter le risque. Prendre des risques, c’est aussi entrouvrir une porte sur l’erreur.
L’erreur n’est pas tellement importante pour moi dans la mesure où l’on peut se relever et, bien entendu, ne pas la répéter.
Innover, c’est aussi accepter ces risques et cette possibilité de côtoyer l’erreur. Savoir entreprendre un projet innovant n’est pas de planifier exactement le chemin par où l’on va passer car celui-ci sera parsemé d’embûches, d’imprévus et d’échecs.. Il n’y a pas de réussites faciles et encore moins d’échecs définitifs!
Excellent article du journal Les Affaires : Olivier Schmouker – Tout tout tout sur la méthode Sid Lee pour innover http://www.lesaffaires.com/blogues/olivier-schmouker/olivier-schmouker-tout-tout-tout-sur-la-methode-sid-lee-pour-innover/528777/3
C’est sur que le milieu de la pub, ce n’est pas le milieux industriel, mais on voit que chez les créatifs c’est très important.
9. Expérimenter et se planter. «Nous, nous avons une longue liste d’erreurs, et nous en sommes fiers», dit-il. Car celle-ci est la preuve que personne n’a peur d’oser se montrer créatif. D’ailleurs, Sid Lee a instauré une tradition, les «Moron Awards» : «Chaque fin d’année, on organise un party où l’on décerne des trophées à ceux qui ont fait les pires conneries. On ne souligne pas les bons coups, mais les mauvais!», raconte le président de l’agence.
Merci aussi à Alexandre pour le commentaire. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur son entreprise, je vous invite à visiter le site web de son produit http://www.makeabridge.com/
Un bel exemple d’innvation et comment utiliser l’aluminium et ses propriétés à 100%.