Le concept d’innovation ouverte fait beaucoup de bruit et pour cause, comment imaginer ne pas garder le contrôle sur une activité aussi centrale au développement de l’entreprise que l’introduction de nouveaux produits, de nouveaux services ou même de nouveaux modèles d’affaires. Et pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit, remettre les clés de l’innovation à des intervenants externes. Sur Wikipédia, on dit de l’innovation ouverte que c’est un mode d’innovation basé sur la collaboration avec l’externe.
On retrouve plusieurs exemples de meilleures pratiques d’innovation ouverte. Chez Procter & Gamble, l’initiative nommée « Connect & Develop », mise en place sous le règne de A. G. Lafley, a, selon certains, ramené la croissance chez le géant des produits de consommation courantes. En terme d’innovation, on est passé d’une mentalité « Not Invented Here » vers un paradigme plus ouvert de « Proudly Found Elsewhere ». Considérez le billet de Larry Huston et Nabil Sakkab à ce sujet.
Innocentive dans son article Out-innovating Your Competition through Challenge Driven Innovation propose cet exemple du groupe Roche. À la suite de la mise en marche de son initiative d’innovation ouverte pour un problème auquel le groupe était confronté depuis 15 ans, Roche a reçu plus de 113 propositions par plus de 1000 innovateurs à travers le monde. Finalement, en moins de 60 jours le problème a été résolu.
D’autres initiatives semblent avoir eu moins de succès, considérons ici l’exemple de « Campbell’s Soup », tel que présenté dans le billet de Stefan LindeGaard. L’initiative de Campbell’s Soup a plus à voir avec une boîte à suggestion virtuelle qu’à un réel effort de d’innovation ouverte. On connaît tous les résultats obtenus avec les boîtes de suggestions réelles au sein de nos organisations. Le fait de les rendre disponibles à un grand nombre de personne à l’interne comme à l’externe ne semble pas changer quoi que ce soit.
On en vient donc au cœur du sujet. Permettez-moi de suggérer un certain nombre de facteurs pouvant avoir un impact sur le succès d’initiatives d’innovation ouverte :
1- Le facteur « cool »
Si le produit, le service ou le problème faisant l’objet de l’initiative est intéressant, si l’enjeu est important et connecte de façon intime avec un large auditoire d’innovateurs, les chances de succès ne s’en trouveront qu’améliorées.
2- L’impact de la communauté
Le rôle de la communauté, tel que suggéré par la revue Gestion, qu’elle soit formelle ou informelle, est de « multiplier les interactions que les membres ont entre eux, et qui permet à ceux-ci de sélectionner, d’assembler, de réarranger ou de synthétiser des idées, des images ou des expertises de manières originales.» Et c’est vrai autant pour les communautés à l’interne que pour les communautés externes.
3- Les facteurs de motivation externe
Il est aussi possible d’augmenter l’engouement pour une initiative en offrant une rétribution monétaire, de la présenter sous la forme d’un concours, de bourses ou de tout autre forme de rétribution qui a pour objectif d’attiser la curiosité et l’intérêt. On pourrait aussi considérer de donner accès à certaines ressources de la compagnie, par exemple, des outils difficiles à se procurer, des capitaux pour mener à bien le projet d’innovation ou la possibilité d’entrer en contact avec des stars du domaine. Un excellent exemple de cette approche est l’initiative de General Electric, ecomagination challenge.
4- Le facteur publicité
Il va sans dire qu’il est nécessaire de faire connaître votre initiative au plus grand nombre d’innovateurs capables et intéressés. Évaluez l’intérêt de placer des annonces dans des revues spécialisées ou utiliser les réseaux sociaux afin de créer un buzz autour de votre initiative.
5- Le facteur rétroaction
Évidemment, si on se lance dans cette aventure, il tombe sous le sens de fournir une rétroaction minimale aux innovateurs qui vous soumettent leurs idées. On veut éviter que l’initiative ne devienne un immense trou noir d’où rien ne ressort.
Alors si votre produit est « cool », si vous avez développé une communauté qui le soutient, que vous y ajoutez un aspect de compétition ou de concours et que vous faites une bonne publicité, vous aurez déjà un bon départ. Il ne vous reste plus que la récolte des résultats, l’évaluation, la sélection et l’exécution.
Peut-être avez-vous d’autres mesures que celles mentionnées dans ce papier pour favoriser le succès de l’innovation ouverte, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaire ou dans les réseaux sociaux de Défi Innovation Estrie! C’est en échangeant que l’on raffine nos approches et que l’on devient de meilleurs innovateurs!
Selon vous, quelles sont les étapes qui devraient être suivies?
© Normand Lemieux 2011
Étonnant de voir le buzz autour de l’innovation ouverte d’un côté et de l’autre la fermeture d’esprit quand vient le temps de parler de logiciel libre. Même principe, mais mécompréhension totale de l’industrie du logiciel libre.
Je vous suggère ce document du DOD (Département de la défense américaine – http://www.scribd.com/doc/55742095/OTD-Lessons-Learned-Military-Final-V1)